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Jeunesse

Sport

« A cet âge-là, ils ne coupent jamais avec le football »

Après un mois d’interruption, les clubs de sport en plein air ont été autorisés à reprendre les entraînements cette semaine, mais uniquement avec les jeunes, conformément aux annonces faites par le gouvernement. Reportage au club de football du FC Montfermeil.

Article publié le 04 décembre 2020


La grosse voix de Gabriel Azagouru, alias « Gaby », résonne dans les locaux du FC Montfermeil ce mercredi 2 décembre en début de soirée. « Il y a trois entraîneurs qui ne sont pas venus. Ce n’est pas possible. Il faut que tu leur dises », vitupère le secrétaire général du club de football montfermeillois, le téléphone collé aux oreilles. A l’autre bout du fil, Ahmed Hadef, le président, tente d’apaiser sa colère. « Je pense simplement qu’ils ne savaient pas que c’était la reprise. Je vais voir ça, ne t’inquiète pas. »

Son appel terminé, Gaby, qui outre ses activités de dirigeant encadre trois équipes dont une composée uniquement de joueurs handicapés, cas rarissime en France, esquisse un sourire en notre direction. « Aujourd’hui, c’est la grosse journée. Rien que pour les débutants [les moins de 11 ans, ndlr], on compte 250 licenciés pour 23 entraîneurs, tous bénévoles. Tout l’après-midi, ça n’arrête pas. Il y a toujours un problème à régler : il faut répondre aux questions des parents, s’occuper des histoires de licences, de paiements, etc. C’est pour ça que passé une certaine heure, je suis un peu sur les nerfs », détaille ce retraité de 71 ans, membre du club depuis 1978.

Quelques instants plus tard, trois adolescents pénètrent dans le bâtiment pour se rendre aux vestiaires, comme ils en ont l’habitude. Gaby les interpelle. « Sortez, crie-t-il. Aujourd’hui, personne n’a le droit d’entrer. Vous vous changez dehors. » Protocole sanitaire oblige. Car si les jeunes du club de football ont été autorisés à reprendre les entraînements cette semaine, après un mois d’interruption en raison de la pandémie de Covid-19, ils doivent malgré tout respecter certaines règles.

Centres de formation

A l’extérieur, sur le terrain du stade Henri Vidal, Mehdi, l’entraîneur des U13 (12-13 ans) Elite, dispose les plots en prévision de la séance à venir. « L’objectif, ça va être de renouer avec le ballon et de retrouver ses sensations. » Bien que ses joueurs n’aient pas fouler la pelouse depuis plusieurs semaines, il ne s’inquiète pas d’une éventuelle baisse de niveau. « À cet âge-là, ils ne coupent jamais avec le football. Ils jouent dans leur jardin ou dans la rue. »

Depuis les gradins du stade où ils sont installés pour se protéger de la bruine, les adolescents attendent qu’il leur fasse signe de le rejoindre. Vêtus aux couleurs du club : chaussettes et short blancs, veste de sport bleu marine où figure également l’écusson de l’A.S Saint-Etienne, avec lequel le FC Montfermeil a signé un partenariat, ils dégagent malgré leur jeune âge une impression de sérieux et de discipline. Il faut dire que pour eux, le football n’est pas qu’un divertissement. Evoluant à l’échelon le plus élevé de leur catégorie, certains peuvent légitimement nourrir l’espoir de mener une carrière professionnelle. Pour preuve : quatre membres de l’effectif ont déjà signé un contrat avec les centres de formation de l’AS Saint-Etienne ou du Stade de Reims.

A 17h15, Mehdi les appelle. « Vous n’oublierez pas de bien photographier mes frappes de l’extérieur du pied », lance crânement Ryan lorsqu’il nous croise, avant de se retourner vers ses copains, hilare. Pendant l’heure et demie qui suit, les tirs au but, les courses et les dribbles s’enchaînent. Conformément à ce qu’avait prévu Mehdi, le niveau demeure très élevé. Mais pour se confronter à d’autres équipes, il va falloir attendre encore un peu. A ce jour, le retour à la compétition est envisagé pour le début du mois de janvier. « A condition que les indicateurs de santé publique évoluent conformément à la trajectoire fixée par l’Etat », indique la Fédération française de football dans un communiqué paru le 1er décembre.