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Culture

Albert Mourlan – Un Montfermeillois pionnier du cinéma

« Il inventait ce qu’il faisait » dit de lui son arrière-petite-fille. Entre 1919 et 1939, ce cinéaste prolifique et trop mal connu s’est adonné à sa passion cinématographique : cinéma d’animation, dessins animés, films scientifiques, pédagogiques et technologiques, films de « propagande » et publicités avant l’heure.

Article publié le 03 mai 2023


Albert Mourlan (1887-1946), peintre, illustrateur, cinéaste autodidacte puis fabricant de jouets, a tourné plus de cinquante-cinq films dans l’entre-deux-guerres. Il s’agit, pour la plupart, de films de commande sur des sujets aussi variés que l’agriculture, l’armée, la santé… et pour des commanditaires aussi divers que des ministères, des communes, des paroisses ou des entreprises.

Albert Mourlan est d’abord un peintre et un dessinateur de talent. Les premiers cinéastes d’animation sont tous des caricaturistes de presse et Albert Mourlan n’a pas échappé à cette règle.

En 1908, il rejoint L’Épatant, sous le pseudonyme d’Albert Lanmour, il réalise la couverture du premier numéro paru le 9 avril 1908 avec une bande dessinée « Les années de service de Théodore Tiroflan ». Puis, en 1911, il crée un nouveau personnage « Le Hoquet d’Hector Boyaux ». En 1912 et 1913 ses caricatures font l’objet de plusieurs couvertures. En 1914, la guerre éclate et Albert Mourlan passera deux ans sur le front de la Somme. Démobilisé, il reprend son activité de dessinateur pour L’Épatant ainsi que d’autres revues, ce jusqu’aux années 20.


Ci-dessous : couvertures réalisées par Albert Mourlan pour L’Épatant, célèbre hebdomadaire de bandes dessinées qui parut de 1908 à 1939.


En 1919, il achète une propriété à Montfermeil, rue de Livry (rue Paul Bert), sur laquelle il fait construire un studio de prises de vues. Il quitte L’Épatant et se consacre dorénavant au dessin animé. Son premier personnage, Potiron, jovial et tout en rondeur, à l’image de son créateur, apparaît sur les écrans en 1921. Il réalisera 4 films avec ce personnage. Les Américains apprécient. Ils lui achèteront ces films dont on perd ensuite définitivement la trace.

L’aventure « Gulliver »

Il consacre ensuite l’année 1923 à une adaptation des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift, « Gulliver chez les Lilliputiens », dans lequel il combine une animation de pantins en bois avec le jeu d’un acteur, Raymond Villette. Ce sera son chef-d’œuvre. Certaines scènes du film nécessitent que plusieurs pantins soient animés simultanément. Ce travail exténuant mit souvent à l’épreuve les nerfs du réalisateur et de l’artiste et Albert Mourlan n’hésite pas à se mettre luimême en scène. L’animation a été élaborée dans le studio de Montfermeil. Seuls quelques plans ont été filmés en plein air, la séquence du naufrage à Lorient et le départ du héros vers l’Angleterre à Fécamp.

Une scène du film avec l’acteur Raymond Villette incarnant Gulliver, des pantins articulés figurent eux les Lilliputiens.

 

Effrayé par « l’homme montagne », l’un des Lilliputiens se réfugie dans le sable pour réapparaître un peu plus loin. Albert Mourlan substitue alors en gros plan son propre visage à la tête du pantin. L’enchaînement parfait donne ainsi l’illusion que le pantin est un être vivant.

Redécouverte des films d’Albert Mourlan

C’est en 2006 que Véronique Mourlan, son arrière-petite-fille, découvre dans la cave de la maison familiale de Montfermeil, un intrigant amas de bobines 35 mm. Ces bobines étaient en nitrate de cellulose : le support originel de la pellicule cinéma, aussi appelé « film flamme » en raison de son extrême inflammabilité. Ce support nitrate a été interdit dès le début des années 50, quand il a été remplacé par d’autres moins dangereux. Les Archives françaises du film sont aujourd’hui les seules légalement habilitées à conserver le film nitrate. C’est donc dans leurs locaux de Bois d’Arcy qu’ont été restaurés et sont désormais conservés les films d’Albert Mourlan.

Seine-Saint-Denis et 7e art : un lien historique

Retour sur quelques dates clés, lieux emblématiques et pionniers séquano-dyonisiens qui jouèrent les premiers rôles dans cette grande histoire du cinéma…

1877 | Le praxinoscope d’Émile Reynaud, né à Montreuil, est breveté. C’est une étape importante dans « l’invention » du cinématographe. En 1892, trois ans avant le cinématographe des frères Lumière, il présente un spectacle de « Pantomimes lumineuses » au moyen de son appareil, perfectionné en « théâtre optique ».
1897 | Georges Méliès, prestidigitateur et directeur du théâtre Robert-Houdin, construit le premier studio de cinéma dans son jardin à Montreuil. La Star Film est née et produira plus de cinq cents films, dont le célèbre « Voyage dans la lune ». Georges Méliès (à gauche de l’image) fut ainsi le pionnier génial du cinéma comme spectacle et l’inventeur des effets spéciaux que l’on appelait alors trucages.
1908 | « Fantasmagorie » est le titre du premier dessin animé d’Émile Cohl (lui aussi installé à Montreuil) et considéré comme le premier dessin animé de l’Histoire du Cinéma.

Photogramme colorié à la main du « Voyage dans la lune » de Georges Méliès (1902). Premier film de « science-fiction » et aujourd’hui encore l’un des films les plus célèbres de l’histoire du Cinéma.